Serge Bricianer
Une étincelle dans la nuit – Sur la révolution iranienne 1978-1979
ISBN : 978-2-911917-48-6
2002, 6 euros
6€
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Sur l’auteur
Serge Bricianer (1923-1997) est passé par quelques-unes des nuances qui vont du noir au rouge vif. Il a collaboré à Socialisme ou barbarie et à Informations et correspondance ouvrière (ICO). Il est l’auteur de Pannekoek et les conseils ouvriers, Edi, 1969, et de Karl Korsch, marxisme et contre-révolution, Seuil, 1975.
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dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier (Maitron) - Lire son portrait sur Wikipedia
Propos du livre
Si beaucoup s’accordent aujourd’hui à voir dans sa composante ouvrière un des traits caractérisant la révolution iranienne, rares sont ceux qui soulignent la signification originale de la brève période de vie des conseils, de 1979 à 1981. Bricaner rattache ce mouvement à l’idée moderne de conseil. Non pas en tant que fétichisme organisationnel, mais en tant que principe d’émancipation sociale moderne. Transformer ces organisations de base unitaires à vocation de double pouvoir en organismes consultatifs régis par la représentativité bourgeoise fut, depuis toujours, la tâche des forces marxistes, social-démocrates et léninistes. Comme le souligne Bricianer, cette fois-ci, en Iran, les religieux prirent le relais.
Il ne faut pas chercher dans cet ouvrage une description détaillée de la révolution iranienne et de son déroulement. Les faits et les évènements n’intéressent Serge Bricianer que dans la mesure où il peut en dégager les tendances générales du mouvement, le situer historiquement. C’est pourquoi il s’attache tout d’abord à montrer comment, en Iran, les contradictions du développement économique capitaliste avaient été à même de transformer des forces religieuses en forces sociales et politiques. Il expose ainsi les éléments constitutifs de la situation qui permettent de comprendre le cadre général dans lequel l’explosion sociale avait eu lieu.
« La parenthèse coloniale refermée dans le sang, écrit Serge Bricianer, les États islamiques d’aujourd’hui, dominés par des pouvoirs militaires et des conglomérats financiers, affairistes, prenant appui sur une millénaire tradition de soumission religieuse et sur des bureaucraties corrompues, vivent de la part que l’impérialisme leur concède soit directement (rente pétrolière, par exemple), soit indirectement par allocations de crédits grevés de lourds intérêts. D’où avec l’irrépressible croissance démographique, l’urbanisation sauvage, la pénétration des mœurs et des valeurs occidentales, sans parler des effets de la crise mondiale sur des sociétés peu capitalisées, à technologie souvent archaïque, l’apparition de situations sociales explosives, et, à situations extrêmes, idées et conduites extrêmes qu’une répression féroce parvient seule à endiguer. Et l’Occident affolé de faire de l’islam une religion de fanatisme alors que, tout au long des siècles, il a prêché la soumission absolue à Dieu, au prince, au pater familias, les valeurs de la patience et de la docilité. »