Gumri, Arménie, si loin du ciel…

Un livre de Jean-Luc Sahagian
avec des dessins de Varduhi Sahagian
Récits littéraires
ISBN 978-2-911917-71-64-6
96 pages
15 €

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Sur les auteurs

Jean-Luc Sahagian, vit à Marseille. Arménien de France, rétif à toutes les crispations identitaires, retrouve, un peu par hasard, l’Arménie qui n’est même pas le pays de ses grands-parents, venus de Turquie après le génocide de 1915, mais plutôt pour lui le territoire fantasmé de la diaspora arménienne. Il retournera de nombreuses fois en Arménie après avoir croisé la route de Varduhi, la dessinatrice du livre. Il est l’auteur de Victor Serge, l’homme double, paru aux éditions Libertalia en 2011, et de l’Éblouissement de la révolte aux éditions CMDE (2020).

Varduhi Sahagian est diplômée des Beaux-Arts de Gumri, elle continue ses études à l’école des Beaux-Arts de Nîmes et vit depuis quatre ans à St Jean-du-Gard, village des Cévennes. Elle peint des arbres et filme des songes.

Sur le livre

Deux regards s’associent pour parler de Gumri, cette ville située au nord-ouest de l’Arménie. Deux visions de la cité dialoguent ici, celle de l’intérieur, qui trace par la main et dessine, en pays de connaissance ; et celle de l’extérieur, celle du visiteur, de l’invité comme on dit en Arménie pour parler du touriste, qui privilégie le récit et l’écriture. Ce dialogue entre le proche et le lointain évoque aussi ce moment troublant de la rencontre amoureuse, où, comme l’écrit Marina Tsvétaeva, l’ailleurs devient ici.

Extrait

Bien entendu, il existe une classe de riches parasites, mais la majorité des Gumretsis a le plus grand mal à joindre les deux bouts. Alors chacun, chacune se débrouille tant bien que mal, et trouve de quoi subsister en travaillant dans des administrations (la mairie est un des gros employeurs de la ville, comme à Marseille !) ou des commerces divers dans lesquels un personnel pléthorique semble souvent se tourner les pouces. Mais nombre de jeunes ou de moins jeunes vont travailler en Russie, en particulier dans le bâtiment et y restent parfois des années avant de revenir voir leur famille. Ils ont souvent peu de vacances et une bonne partie de leur salaire sera envoyée à leur femme ou leurs parents. En Russie, ils vivent la vie du travailleur immigré, en appartement collectif, économisant sur tout… D’autres se feront aider par de la famille installée en Europe ou aux États-Uni.

Le travail est une denrée rare et ne pas vouloir travailler est un non-sens en Arménie même si les gens ne prennent pas particulièrement de plaisir à se faire exploiter, s’ils ont cette « chance » ! Il faut ajouter que soixante-dix années de soviétisme puis vingt ans de libéralisme sauvage ont cassé toute solidarité dans le travail et que le syndicalisme et le droit du travail sont quasi inexistants. Dans ce contexte, les patrons font souvent ce qu’ils veulent.

Gumri conserve des habitudes de vie communautaire que l’on ne trouve plus guère en France. Dans le quartier où je vis, j’ai pu observer un peu cette vie faite de relations familiales et de voisinage.

Le quartier de Nor-Avan est traversé par une longue rue asphaltée récemment. De cette rue principale partent des chemins de terre ayant parfois l’apparence de rues. Les maisons sont soit de simples cabanes améliorées semblant au bord de l’effondrement, soit des maisons en dur pourvues de grands portails en fer ouvragé et de petits jardins potagers. Chaque portion de ce quartier est le territoire réservé de quelques chiens qui n’en sortent guère et qui survivent grâce aux ordures et aux restes donnés par les voisins. Derrière les portails s’élaborent des jeux complexes de relations sociales où un ensemble de règles et d’usages organise les conversations, les sympathies et les antipathies, les solidarités comme les coups tordus.


Critique(s)

Lire la Chronique de Jacques Teissier, sur La critique au fil des lecture, Blog Médiapart (25 novembre 2015)

« Lointain familier », Jean-Pierre Longre, Notes et chroniques (4 décembre 2015)

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