Mike Davis – Planète bidonville

Mike Davis,
Planète Bidonville

Suivi de Bruno Bachmann,
Les enfants de la même agonie

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ISBN 978-2-911917-50-9
Epuisé


Thème : Société / Sociologie sociales
Matière
: Bidonvilles, pauvres en milieu urbain, urbanisation
Lexique : ville, urbanisation, migration interne, population, pauvreté
Dewey
: 307.3 Questions urbaines

Mike Davis. universitaire nord-américain, critique de l’urbanisme de classe, est l’auteur, entre autres, de City of Quartz, Los Angeles, capitale du futur, La Découverte, 1997. Ab irato a publié deux de ses textes sous le titre Contrôle urbain, l’écologie de la peur (1998).

Bruno Bachmann anime avec d’autres la revue Maíra, aux positions rouge-noir, nettement anticapitalistes et internationalistes, dont Ab Irato a publié un choix de textes, Brésil, la mémoire perturbée, les marques de l’esclavage (2004).

Traduit de l’anglais par Gobelin

Résumé.– De Rio au Caire, de Calcutta à Abidjan, un milliard d’êtres humains survit dans des bidonvilles. M. Davis décrit ce phénomène d’involution urbaine et met en accusation le néolibéralisme et son corollaire, le désengagement de l’Etat. B. Bachmann, quant à lui, revient sur les limites de cette approche.

Monde diplomatique (juin 2006)

Le Monde diplomatique
juin 2006
Jean-Christophe Servant

A travers les bidonvilles de la planète

On peut reprocher un côté chaotique au brûlot de Mike Davis (1) : plus de deux cents pages consacrées à ces « bidonvilliens » qui seront près de quatre milliards en 2025. A la manière d’une tornade, cet universitaire américain connu pour ses essais transversaux – dont Génocides tropicaux et City of Quartz (2) – pulvérise sur les pages de son ouvrage la réalité des bidonvilles de la planète entre débris de vies et rapports. Notes et réflexions s’accumulent en un agglomérat de données aussi vertigineuses que le spectacle presque trop terrifiant pour être vrai des slums.

Engagé tout à la fois dans une virulente démonstration des périls – en premier lieu écologiques –, dans le descriptif de l’âpre quotidien d’un milliard d’exclus et dans une dénonciation du système néolibéral, Davis en fait parfois presque un peu trop. Ou pas assez. La version définitive de son livre s’écarte ainsi d’intéressantes pistes eschatologiques préalablement abordées (le chapitre « Marx et le Saint Esprit ») dans le long article préliminaire paru dans la New Left Review et qui a donné naissance à Planet of Slums (3). Et puis, passé la dépression et l’errance fiévreuse qui nous emmène de la Rocinha (Rio de Janeiro) à Kibera (Nairobi) et de Cité Soleil (Port-au-Prince) au Bangalore invisible qui cercle la Silicon Valley indienne, passé les retombées de débris – dont une grande partie issue du rapport-clé de l’ONU-Habitat en 2003 (4) –, tout redevient clair comme un ciel d’après tempête. […]

(1) Mike Davis, Planet of Slums, Verso, Londres – New York, 2006, 228 pages, 24 dollars.
(2) Publiés par La Découverte (Paris), respectivement en 2003 et en 2000.
(3) La traduction de l’article – avec un commentaire de Bruno Bachmann – est parue sous le titre Planète bidonvilles, Ab Irato, Paris, 2005, 120 pages, 10 euros.

Lire l’article sur le site du Monde diplomatique

Les Clionautes (mai 2005)

Mike Davis Planète bidonvilles, Ab irato, 2005, 114 p., 10 euros

C’est une perspective d’ensemble que Davis veut tracer : en quelques phrases de toute beauté, il rappelle le basculement actuel de la population mondiale de la campagne vers la ville ; un tour d’horizon rapide lui fait dire que ce sont aujourd’hui les villes moyennes qui explosent en Afrique noire et en Amérique latine, et que l’Asie connaît un double phénomène d’hybridation entre ville et campagne d’une part, de couloirs littoraux urbanisés dépassant la taille des mégalopoles actuelles (« vers un couloir continu s’étendant du Japon-Corée du Nord à l’Ouest de Java » , dit-il en citant des géographes chinois) d’autre part. Vient ensuite l’idée centrale de l’auteur : ce boom urbain est pervers car, hors d’Asie (et encore), il n’est pas associé au développement. Le résultat est l’existence de bidonvilles géants et nombreux, devenant l’essentiel de l’accroissement urbain « Lagos n’est que le plus gros noyau d’un couloir de bidonvilles de 70 millions de personnes qui s’étire d’Abidjan à Ibadan ». On ne peut pas espérer que le schéma manchestérien (transformation de paysans ruinés en ouvriers, départ du surplus de population vers les pays neufs) puisse se reproduire : les pays qui passent du rural à l’urbain ne sont pas dominants (les règles sont édictés par le Nord : plans d’ajustement structurels qui ont réduit la part des emplois garantis), il n’y a plus de pays d’émigration (sauf les pays du Nord… qui se ferment) et les programmes de réinstallation de population dans les zones faiblement peuplées (Amazonie par exemple) ne représentent pas une solution à la taille de l’afflux urbain . On se trouve donc face à une humanité surnuméraire, vivant dans une misère à la Dickens (quelques brèves mais saisissantes données) sans espoir d’en sortir.

Lire l’article en entier sur le site des Clionautes